La question du mariage gay, source naturellement de débats interminables, n'aurait naturellement pas à se poser dans un système libéral pour deux raisons très simples :
La première, c'est que l'État n'a pas à se mêler des contrats :
An earthworm expects to find a law, a printed law, for every circumstance. Even have laws for private matters such as contracts.
Robert A. Heinlein - The Moon Is A Harsh Mistress
La seconde, c'est que la notion de genre n'a strictement rien à faire dans la loi. Dès le moment que la loi est censée ne pas discriminer entre hommes et femmes, alors les mots « homme » et « femme » n'ont strictement rien à faire dans la loi.
Est-ce que les mots « blond » et « roux » apparaissent dans les textes de loi ? Non ? Pourquoi donc ? Pour une raison très simple : en reconnaissant (en partie) le principe libéral d'universalité du droit et d'identité des droits de tous, alors le code génétique d'une personne ne saurait être source de droits différents. Les blonds et les roux peuvent avoir des apparences différentes, des vies différentes, mais leur différence n'est pas pertinente pour la loi. Leur différence n'est pas source de droits et d'obligations différentes. De même, faut-il le rappeler, les femmes ont exactement les mêmes droits que les hommes. En effet, comme l'a signalé déjà Lysander Spooner en 1877, les femmes sont des êtres humains, et en tant que telles, ont exactement les mêmes droits que tout autre être humain, ni plus ni moins.
Les mots homme et femme et leurs dérivés n'ont donc strictement rien à faire dans la loi, pas plus que citoyen, étranger, ou toute mention de nationalité.
Il apparaît donc tout à fait bienvenu que le gouvernement français envisage de supprimer les mots mari, femme, père et mère de ses lois.
Naturellement, les religieux, toujours à se mêler de ce qui ne les regarde pas (les affaires purement terrestres de législation), s'indignent :
La semaine dernière, le cardinal Philippe Barbarin a parlé d’une « rupture de la société » et estimé que le mariage homosexuel ouvrait la porte à des dérives sociétales : « Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. [et alors ?] Après, un jour peut-être, l'interdiction de l'inceste tombera. [oups, déjà légale en France depuis Napoléon] Il y aura des demandes incroyables, qui commencent à se faire jour ! ».
Encore une fois : des gens vivent d'une façon différente de la vôtre (sans doute le célibat pour un cardinal ?) ? Get over it.
Naturellement, la question de l'adoption par les homosexuels va soulever des arguments de type bien-être de l'enfant etc. Ces arguments reposent généralement sur les prémisses suivantes :
- l'homosexualité serait quelque chose de mauvais
- elle serait qui plus est « contagieuse », les homosexuels risquant de transmettre leurs valeurs dépravées à leurs enfants, les endoctriner à l'homosexualité, voire les introduire à ces pratiques
En somme, on peut bien laisser adopter toutes sortes de personnes qui vont traumatiser leurs enfants de façon innombrambles, mais l'homosexualité serait un risque bien trop grave pour être envisagé. N'importe quel ivrogne peut faire des enfants qu'il va battre, mais c'est toujours mieux que de laisser adopter des homosexuels.
J'offre une autre proposition basée sur d'autres prémisses :
- le catholicisme est quelque chose de mauvais
- il est qui plus est contagieux : les parents catholiques vont endoctriner leurs enfants au catholicisme, les contraindre à aller à leurs rituels esotériques (cours de catéchisme, messes, etc), et les enfants vont finir par eux-mêmes devenir catholiques.
On remarquera que si la seconde prémisse n'a jamais été démontrée pour les homosexuels, elle est avérée pour les catholiques. Pourquoi dès lors ne pas plutôt interdire l'adoption aux catholiques?