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Trahison

Ainsi, notre Banque nationale se dit prête à acheter des euros en quantité illimitée... Inutile de dire que cela peut aller très loin dans la dilapidation de « notre » argent. Qui plus est, la politique monétaire suisse doit désormais suivre celle, lamentable, de l'UE.

Perte de souveraineté qui ne semble pas même déranger l'UDC :

L’UDC aussi a fait demi-tour sur route. En mars encore, Christoph Blocher demandait la démission du président du directoire Philipp Hildebrand, que l’hebdomadaire Weltwoche accusait de «faux-monnayage» pour ses interventions malheureuses sur l’euro en 2010.

«Son intervention sur le cours de l’euro consistait davantage à montrer notre solidarité avec la zone euro qu’à défendre le franc et nos exportations. Cela a fait perdre des sommes énormes à la BNS pour rien», se justifie le leader de l’UDC. Aujourd’hui, il applaudit: «La BNS a eu raison d’intervenir vigoureusement. La force du franc tournait au drame. Quand on se lance dans une guerre contre une autre valeur, il faut se donner toutes les chances. Mais il faut gagner cette guerre contre l’euro!»

La politique actuelle de la BNS semble être tout simplement de perdre toute crédibilité, en se comportant effectivement comme des faux-monnayeurs. Pour faire baisser la valeur d'un produit, il faut en effet montrer que l'on est nul, icompétent, imprévisible. Question tout de même, pour une telle politique du pire, a-t-on vraiment besoin d'un directeur de la BNS grassement payé ? Confier le poste à un singe payé trois bananes par jour serait tout autant à même de faire perdre confiance aux marchés envers la monnaie suisse.

Pendant ce temps, le potentiel inflationniste du dollar, contre lequel nous avions averti il y a deux ans, commence à se réaliser. Comme si cela ne suffisait pas, la Fed risque encore de réimprimer de la monnaie. Autrement dit, le dollar reste encore surévalué. Et c'est exactement le même genre de potentiel inflationniste que la BNS a déjà créé par ses annonces précédentes, et qu'elle s'apprête à poursuivre.

Même d'autres économistes n'ignorent pas le danger :

Les économistes sont presque unanimes pour pointer le risque inflationniste dû à une création monétaire débridée. Le bilan de la banque centrale risque également d’exploser. «Cela incite les banques à prêter de manière trop laxiste et il est probable que nous soyons à l’aube d’une bulle immobilière en Suisse», considère Bruno Jacquier.

Autrement dit, une perte de pouvoir d'achat massive pour les Suisses, et le risque d'une grave récession... Tout cela sous le prétexte purement fallacieux de protéger l'industrie des exportations. Si notre cher gouvernement voulait vraiment aider l'industrie suisse, il pourrait pourtant prendre des mesures très simples :

Plus fondamentalement, attacher plus d'importance aux exportations qu'aux importations est une ineptie économique, comme l'ont déjà montré Bastiat, Rothbard, Milton Friedman :

As Milton Friedman said, a sustained trade deficit is the best possible outcome…. we get physical goods like cars, flash memory, oil, computers, toys, and all sorts of other goods for cheaply produced ‘paper’ known as currency.

Même Krugman l'explique très bien (Krugman dit des bêtises 6 jours sur 7, mais aujourd'hui c'est mercredi) :

imports, not exports, are the purpose of trade. That is, what a country gains from trade is the ability to import things it wants. Exports are not an objective in and of themselves: the need to export is a burden that a country must bear because its import suppliers are crass enough to demand payment.

Nous devrions utiliser nos francs suisses forts pour acheter des biens bon marché à l'étranger, et se la « couler douce ». Autre leçon d'économie de base, si nous payons nos importations en euros, d'où viennent-ils ? Nous les avons obtenus par échange de francs suisses, francs suisses qui vont tôt ou tard servir à acheter des biens en Suisse, autrement dit en exportations !

Il s'agit donc bien de haute trahison dans le sens que la BNS se soucie uniquement des intérêts à court terme de certaines industries, au détriment des intérêts à moyen et long terme de l'ensemble de l'économie, et en violation flagrante de son mandat constitutionnel consistant en une politique monétaire servant les intérêts généraux du pays.

L'autre raison étant un soutien politique à l'euro, à nouveau une vision de pur court terme :

Cette politique va «coûter très cher» à la Banque nationale, estime Marc Chesney. «Le risque de pertes est grand, poursuit-il. Il s’agit tout de même d’argent public. Sans oublier que la BNS investit dans une devise dont on n’est pas certain qu’elle existe à moyen terme.»

Bien sûr, les keynésiens nous diront que le court terme est tout ce qui compte, puisqu'à long terme nous serons morts. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'avec ce genre de politiques, à long terme, nous serons pauvres.