Il est assez étonnant que les Églises - qui ont d'ailleurs heureusement de moins en moins de membres - s'impliquent de plus en plus en politique. À un moment où d'autres religions sont critiquées, justement, pour mélanger religion et politique, les Églises catholiques et protestantes échappent à la critique, alors que leurs prises de position sur des votations relèvent du même problème.
Ainsi, des églises catholiques et protestantes avaient pris officiellement position en faveur de l'initiative anti-armes, parfois de façon particulièrement scandaleuse.
On peut sans doute y voir une manifestation d'une forme de pacifisme, car effectivement on n'a pas besoin d'une arme pour tendre l'autre joue.
Mais si les Églises restent dans leur domaine lorsqu'elles prêchent cette philosophie - par ailleurs nuisible-, pourquoi donc devraient-elles en sortir et vouloir, comble de l'intolérance religieuse, l'imposer à toute la population par la violence?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit - personne n'est aujourd'hui obligé d'avoir une arme. L'objection de conscience ou le service sans arme sont plutôt bien reconnus, les militaires peuvent laisser leur arme à l'arsenal, et personne n'a jamais été forcé à remplir un permis d'acquisition d'armes. Personne n'est donc empêché de pratiquer librement son pacifisme (et vivre avec d'autres pacifistes s'il le préfère).
En revanche, une nouvelle loi prévoyant des interdictions, implique nécessairement d'appliquer ces interdictions, par l'usage de la violence sous forme d'une intervention de policiers armés s'il le faut, afin de confisquer des propriétés privées de personnes qui n'ont, elles, par définition, jamais commis aucune violence criminelle (sinon elles n'auraient pas pu obtenir d'armes légalement, avec la législation actuelle).
Autrement dit, comme souvent, les religions en viennent à prôner l'intolérance au nom de la tolérance, et la violence au nom de la non-violence.