La courbe de Laffer a été utilisée par certains libéraux pour soutenir des baisses d'impôts. L'argument est de dire qu'une baisse d'impôts peut être dans l'intérêt non seulement des contribuables, mais également des États ; une baisse d'impôts peut en effet parfois amener une hausse des recettes fiscales. L'adoption de la flat tax dans divers pays fournit de nombreux exemples : moins de fraude et d'évitement fiscaux, une assiette fiscale au final plus grande et donc des recettes fiscales plus élevées malgré un taux plus faible.
Cet argument, cependant, peut-être parce qu'il a été mal formulé, a donné lieu au raisonnement fallacieux suivant : s'il est souhaitable de baisser les impôts dès lors que nous nous trouvons à droite de l'apex de la courbe de Laffer, alors, il est tout autant souhaitable de les augmenter dès lors que nous nous trouvons à gauche du sommet. Cette interprétation est d'autant plus tentante que la courbe de Laffer est systématiquement représentée comme étant parfaitement symétrique. En réalité, nous ignorons tout de sa forme, et de plus, même si elle était effectivement parfaitement symétrique, l'interprétation de devrait pas pour autant l'être.
En effet, à droite de la courbe, toute hausse d'impôts sera dommageable tant pour les contribuables que pour l'Etat. Toute baisse d'impôts en revanche sera dans l'intérêt tant des contribuables que de l'Etat. Autrement dit, la baisse d'impôts, en supposant que nous soyons bien à droite du sommet, est Pareto-optimale et peut donc être soutenue sans réserves par l'économiste, sans jugement de valeur.
En revanche, à gauche de la courbe, une baisse d'impôts est toujours dans l'intérêt des contribuables, mais plus dans celui de l'Etat. Pour déterminer s'il faut augmenter ou baisser les impôts, d'autres considérations doivent entrer en ligne de compte : efficacité du secteur public par rapport au secteur privé, justice fiscale etc.
L'argument des libéraux n'a jamais impliqué de reconnaître la maximisation des recettes fiscales de l'Etat comme but, mais simplement de signaler l'absurdité pour l'Etat d'une politique qui les ferait baisser tout en imposant plus lourdement les contribuables.
Un article de trois économistes allemands spécialisés dans la finance publique, publié par le Centre for Economic Policy Research ("Optimal taxation of top incomes in Germany ") pose la question de savoir quel serait le meilleur taux d'imposition des hauts revenus si le but est de maximiser les recettes fiscales.
Mais pourquoi donc voudrions nous une pareille chose? L'article ne prend pas la peine de l'expliquer, se contentant de considérer un impôt qui maximise les recettes fiscales comme optimal...