La bonne blague du jour, c'est tout de même la suggestion, suite au refus du Souverain de la caisse unique, de créer diverses caisses cantonales dans les cantons ayant voté oui.
Je ne comprends pas : je croyais que le but de l'opération était justement d'obliger tout le monde, qu'il le veuille ou non, à s'affilier à une seule et même caisse unique.
Candide, Pierre-Yves Maillard pose la question :
– Avec 56% de oui dans le canton de Vaud, peut-on vraiment remettre en cause le système, notamment en tentant l’introduction d’une caisse publique sur votre propre territoire?
– Je ne vois pas qui cela pourrait déranger en Suisse et quel argument pourrait être invoqué contre cette idée.
Bon prince, je vais vous donner un petit indice, monsieur Maillard : l'existence des 44% de citoyens suisses résidents en vos terres ("votre propre territoire", sic) et ayant refusé la caisse unique a-t-elle ne serait-ce qu'effleuré votre esprit ? L'argument que ces Vaudois sujets de votre Majesté sont aussi, accessoirement mais avant tout, des Suisses, jouissant en tant que tels des mêmes protections constitutionnelles de leurs droits individuels que tout autre citoyen de la Confédération, protections que vous avez aujourd'hui, justement, échoué à saborder ?
Faut-il rire ou pleurer, enfin, lorsque vous parlez de "renforcer les libertés cantonales" ? Sans doute faudra-t-il vous le rappeler la prochaine fois que vous vous opposerez à la concurrence institutionnelle.
Mais je m'égare. Restons-en à la question de la caisse unique multiple : vous voici certes sur une pente bien dangereuse, ami socialiste. Vouloir "renforcer les libertés cantonales", c'est une idée intéressante et originale, le fédéralisme, le principe de subsidiarité, tout ça. Cependant, veillez bien, surtout, à ne pas pousser le raisonnement trop loin. Car enfin : vous risqueriez de vous rendre compte que l'étape suivante serait de respecter les préférences communales, voire même, horresco referens, individuelles. Autrement dit, laisser chacun choisir sa caisse maladie, et laisser chacun libre de créer toute caisse maladie qu'il souhaite (quelle idée subversive !). Et même, pourquoi pas, d'exercer vous même cette liberté (soyons fous !), et de, au lieu de gaspiller votre énergie en campagnes politiques vouées à l'échec, créer plutôt une caisse maladie qui s'appellerait "caisse unique sociale et socialiste" - ou, mieux : "Mutuelle Maillard" - et qui regrouperait tous vos partisans de la caisse unique, Vaudois ou Suisses ! Est-ce trop demander ?
Cela aurait, certes, pour inconvénient de rendre un peu trop flagrante la grotesque absurdité de votre projet aujourd'hui refusé.