Décidément, la question du mariage gay déchaîne les passions constructivistes, montre le niveau des politiciens, si besoin était... Et révèle les préférences irrationnelles des uns et des autres.
Ainsi, la famille Le Pen nous fournit une nouvelle fois une (fausse) question rhétorique :
Si on va au bout de la logique, pourquoi interdire la polygamie ?
Pourquoi, en effet ? L'Etat doit se borner à réprimer les mariages forcés (qu'il suffirait de traiter comme une série de viols et complicité de viols). Pourquoi donc devrait-il se soucier du nombre des participants d'un contrat, de même qu'il ne doit pas se soucier de leur genre ? La liberté s'accorde en genre et en nombre. Un contrat libre est un contrat entre N personnes librement consentantes, pas un contrat où l'Etat prédéfinit le nombre des participants (pourquoi 2 serait-il moins arbitraire que 17 ?) et décrète les caractéristiques génétiques qu'ils doivent avoir.
Mais il y a encore plus révèlateur. Ce que Marion Maréchal-Le Pen entend par polygamie, c'est polygynie : plusieurs femmes pour un homme, et c'est cela qui l'indigne. Certaines organisations musulmanes, en revanche, s'indignent :
L’UOIF a rappelé sur son site internet son opposition au mariage gay, en mettant en garde contre les conséquences que pourrait selon elle avoir sa légalisation. «Si le mariage entre deux personnes de même sexe devient une norme, alors toutes les revendications, même les plus incongrues peuvent, un jour, devenir une norme, au nom du même principe d'égalité», écrit l’organisation, proche des Frères musulmans. «Qui pourra délégitimer la zoophilie, la polyandrie, au nom du sacro-saint amour ?» poursuit-elle.
Notez la savoureuse subtilité : eux ne parlent pas de polygamie ou polygynie, légale en terre d'Islam, mais de polyandrie (une femme pour plusieurs hommes, pratiquée au Tibet par exemple).
Ce type d'indignation sélective nous montre bien ces revendications pour ce qu'elles sont : des préférences subjectives, irrationnelles, purement culturelles, qu'il faudrait imposer à l'ensemble de la société, y compris à ceux qui ne partagent pas ces valeurs.
Rappellons-le encore : il n'y a qu'une question politique pertinente, et donc que deux types de points de vue politique. D'un côté, ceux qui pensent que la violence ne peut être utilisée que pour se défendre de, ou répondre à, une agression, et de l'autre, ceux qui s'imaginent être en droit d'utiliser la violence pour imposer le moindre de leurs caprices. Que ce soit, en l'occurence, une société sans polygynie, ou une société sans polyandrie.