Racism is the lowest, most crudely primitive form of collectivism. It is the notion of ascribing moral, social or political significance to a man's genetic lineage—the notion that a man's intellectual and characterological traits are produced and transmitted by his internal body chemistry. Which means, in practice, that a man is to be judged, not by his own character and actions, but by the characters and actions of a collective of ancestors.
Ayn Rand
Le racisme de l'initative ne passe certes pas par des caractères intrinséques à la personne, mais par le biais de la nationalité, qui devient une sorte de talisman magique, générateur de droits et de compétences, une personne se faisant naturaliser étant soudain censée être devenue moins prompte au crime, soudain le pays où elle vit depuis toujours (ou pas) devient «chez elle», soudain elle devient même meilleur conducteur de voiture (primes réduites pour l'assurance RC obligatoire).
On pourrait nous dire, eh bien c'est simple, tous ces étrangers n'ont qu'à se naturaliser. Mais c'est pourtant la même UDC qui souhaite rendre plus difficiles les naturalisations, compter séparément les naturalisés dans les statistiques d'infraction, et pouvoir retirer la nationalité suisse aux auteurs d'infractions...
Bref, on est en pleine piloufacie : vos droits devraient dépendre du fait si vous avez eu la chance de naître avec un passeport suisse (même si c'est à l'autre bout du monde) ou pas (même si c'est en Suisse!).
L'initative et les arguments présentés en sa faveur sont triplement racistes :
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Le plus manifeste, évidemment, regarder la nationalité d'une personne pour déterminer la peine à laquelle elle va être condamnée.
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L'initative rend automatique le renvoi d'un étranger même s'il a vécu toute sa vie en Suisse et n'a aucune attache dans aucun autre pays. Imaginez une personne débarquée à l'aéroport de Rome alors qu'elle n'y connaît personne, n'y a jamais vécu et ne parle pas un mot d'italien (Toute sa vie bouleversée, au passage, peut-être simplement parce qu'elle a omis de déclarer 200 francs de revenu à l'assurance-chômage, «délit» qui devrait relever uniquement du droit civil par ailleurs). Pourquoi? Parce que c'est « son » pays : perspective raciste et nationaliste.
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L'argument principal utilisé par l'UDC : la plus grande criminalité des étrangers. Outre que c'est faux, vouloir en tirer des conclusions pénales est là encore profondément collectiviste : la sévérité d'une condamnation devrait donc dépendre du taux de criminalité du groupe auquel une personne appartient...
Imaginez le raisonnement poussé un peu plus loin :
- Crime ?
- Viol.
- Origine ?
- Jura.
- Ah vous avez de la chance, vous êtes le premier Jurassien violeur cette année. 200 francs d'amende. Suivant. Crime ?
- Abus de prestations sociales.
- Origine ?
- Genève
- Ah pas de chance, vous êtes le 20e cette semaine. Cinq ans de réclusion, ça vous apprendra.Le raisonnement collectiviste consiste ici à traiter un groupe comme une personne, un crime supplémentaire commis par un « membre du groupe » étant alors vu comme une récidive.
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Après l'acceptation de l'iniative, interview révélatrice d'Oscar Freysinger.
Nous avons toujours dit être flexibles et savons faire la différence entre un «crime» et un «délit».
Après trois ans d'une campagne visant à ignorer cette différence (campagne avec affiches de violeurs pour pouvoir expluser des étrangers coupables d'abus de prestations sociales, délit passible de 6 mois de prison), faut-il rire ou pleurer d'une telle déclaration ?
« Nous pourrons désormais expulser entre 700 et 800 criminels dangereux de plus. Ce qui signifie 700 à 800 victimes de moins. »
100% de récidive, 1 victime par criminel ? Intéressante statistique. Et le racisme #4 : tant qu'il n'y a pas de victimes Suisses, tout va bien. Un criminel étranger qui va commettre ses crimes ailleurs, ceux qu'il tue ou vole ne méritent même pas le qualificatif de victime.
Il est assez inquiétant que l'UDC n'ait rien de plus urgent à faire pour la Suisse que de mener, depuis trois ans, à coups de millions, une campagne massive et mensongère qui n'aura aucune incidence sur la sécurité (elle n'empêchera pas les criminels vraiment dangereux de revenir, outre le fait que ceux-ci sont déjà renvoyés), uniquement dans le but de faire passer une pratique qui tient un minimum compte de critères non-discriminatoires tels que la résidence ou l'intégration à un système où la chance d'être né avec le bon passeport devient un critère plus important que le crime commis.