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La persécution des homosexuels en Ouganda : étatisme typique

La signature par le président ougandais de nouvelles lois anti-homosexuels, et surtout la justification qu'il en donne, est typique de la confusion étatiste, de l'erreur de catégories source d'une grande partie du mal dans le monde.

Quelles sont les arguments utilisés par ce monsieur pour justifier la violence agressive sous forme de prison à perpétuité contre des personnes qui n'ont commis aucune agression ?

C’est dégoûtant.

C'est à peu près l'ensemble de son argumentaire. Type d'opinion qu'on peut voir détaillé dans cette vidéo par exemple mais avec strictement aucun autre argument présenté.

On pourrait essayer de convaincre ce monsieur de changer d'opinion sur les pratiques sexuelles homosexuelles. Mais en réalité, son opinion n'est pas le vrai problème. On peut trouver tout un tas de choses dégoûtante (comme d'ailleurs par exemple les opinions mêmes de ce monsieur !), on ne va pas pour autant massacrer, tabasser ou emprisonner les personnes qui les font.

Le problème n'est pas l'opinion de ce monsieur sur les homosexuels. On pourrait très bien être d'accord avec tout ce qu'il dit - tout en le reconnaissant comme un criminel.

Le problème est celui du non sequitur entre une opinion, un avis, une préférence, un goût, et l'usage de la violence politique.

La seule et unique question politique est celle de l'usage légitime de la violence. Les préférences et les goûts des uns et des autres sont un sujet très intéressant, mais n'ont, en soi, rien à faire dans la politique, dans l'élaboration des lois :

je n’arrive toujours pas à comprendre qu’on ne puisse pas être attiré par toutes ces superbes femmes et qu’on soit attiré par un homme

Tout à fait, moi non plus. Et alors ? Dois-je aussi aller tabasser tous les hommes qui se marient avec des femmes que je trouve laides ? Ou, plus généralement, ai-je le droit d'utiliser la violence contre toute personne qui a des préférences différentes des miennes, et que donc je ne saurais comprendre ? Car avec ce genre de raisonnement, c'est une véritable guerre à l'humanité que le président ougandais déclare : si son seul argument contre les homosexuels est qu'il ne comprend pas leur attirance, leurs désirs, alors pourquoi ne pas aussi décrèter le génocide des personnes qui portent la moustache dès lors que c'est passé de mode ? Chacun serait alors légitimé à lyncher l'ensemble de ses concitoyens, tout un chacun ayant des préférences différentes, et donc en partie du moins incompréhensibles pour d'autres personnes.

Bref, si chacun est autorisé à utiliser la violence pour imposer ses préférences, c'est l'anomie, le chaos étatique, la démocratie, le constructivisme. Son contraire est la civilisation, le laissez-faire, l'anarchie, l'humanisme : un ordre où la violence n'est légitime que pour défendre ses droits, et non pour imposer ses caprices.

Cet argumentaire peut sembler trivial, il ne l'est malheureusement pas tant que ça.

Récapitulons.

Monsieur Museveni, suivi par une part importante de la population ougandaise, a une préférence donnée en matière de pratiques sexuelles. Le non-respect de cette préférence est désormais passible de prison à perpétuité.

Si le président ougandais a poussé le constructivisme à son paroxysme, le principe d'utiliser la violence politique pour imposer par la violence de simples préférences est en réalité universellement répandu, à des degrés variés. Pas besoin de chercher bien loin : à un degré moindre, la même criminalité légale touche aussi la Suisse. Prenons le cas en apparence anodin de l'initative Minder, récemment acceptée en votation.

Monsieur Minder, suivi par une part importante de la population suisse, a une préférence donnée en matière de statuts d'une société anonyme. Le non-respect ce cette préférence est désormais passible de trois ans de prison.

Le degré de violence change, mais le principe constructiviste d'imposition de ses préférences est le même. Le problème n'est pas la non-compréhension des goûts et désirs des autres : le problème est l'imposition des goûts et désirs par la violence. Le problème n'est pas monsieur Musevini, le problème est la légitimation d'un système qui lui donne le pouvoir d'ordonner impunément des agressions. Le problème n'est pas l'homophobie : le problème est la violence agressive légitimée par l'étatisme.