Institut Laissez-faire : La liberté sans compromis.

Sauver des vies, ah bon ?

L'éditorial du jour d'Ariane Dayer du Matin est l'exemple typique de l'absence de raisonnement logique des partisans de l'initative anti-armes.

Le seul argument qu'elle présente est que même si elle ne sauvait qu'une vie, l'initative serait souhaitable. Au-delà de toute divergence d'opinion qu'on peut avoir avec madame Dayer, ce genre de discours implique plusieurs sophismes révélateurs d'un manque de réflexion rationnelle :

  • La non prise en compte du principe de rareté, autrement dit un déni de réalité : l'initative n'étant pas gratuite, ne serait-ce qu'en coûts de campagne, si l'argent aurait pu être utilisé pour sauver ne serait-ce que deux vies, alors l'intiative est un mauvais choix (il y a de quoi faire pour les pauvres du Tiers Monde, ou pour financer des soins jugés trop chers...). Nous pouvons ajouter que l'éditorial se base sur l'hypothèse que l'initative pourrait éventuellement sauver au moins une vie. En vérité, on en sait rien. Mais il y a des tas de façons d'utiliser l'argent de la campagne qui permettraient à coup sûr de sauver plus d'une vie. Est-ce une question d'émotion ? Alors pourquoi être sensible à certaines morts mais pas à d'autres ? Et madame Dayer ose prétendre que l'initiative ne serait pas idéologique.
  • Une mauvaise application du principe de précaution, consistant à ne tenir compte des risques que de l'un des deux termes d'une alternative. Si l'initiative peut peut-être sauver des vies, elle peut peut-être aussi en coûter: (1)  Les armes peuvent aussi être utilisées pour se défendre et donc sauver des vies. (2) l'application même de l'initative peut coûter des vies. Absurde ? Les Américains l'auraient sûrement cru également - jusq'à Ken Ballew, Ruby Ridge, et Waco.

Plus généralement, on pourrait appliquer ce raisonnement aux 400 morts annuels sur les routes (interdisons les voitures), aux 3500 morts de l'alcool ou aux 9000 morts du tabac (interdisons l'alcool et le tabac). C'est avec ce genre de raisonnement prodigieux (interdisons l'alcool, si ça peut sauver au moins une vie !) que la prohibition d'alcool a sans doute été justifiée, avec tous les morts qu'elle a causés. Bref, si certains veulent se livrer à ce genre de petits calculs, ils pourraient au moins le faire comme il faut. Ou alors, ils pourraient aussi arrêter avec ce genre d'argumentaires constructivistes, et raisonner en termes de Droit, autrement dit : cesser de se prendre pour des seigneurs et accorder un minimum de respect aux autres êtres humains. Mais ça, ce serait trop demander.