Institut Laissez-faire : La liberté sans compromis.

Alain Berset, ou le climax autoritaire

Pierre Bessard, L’Agefi, 5 octobre 2005

Socialiste bon teint, président de l’Asloca, conseiller aux Etats pour le canton de Fribourg, Alain Berset nous veut du bien. L’homme s’oppose au travail le dimanche. Et donc combat la modification de la loi sur le travail soumise au verdict populaire le 27 novembre. Intervenant sur les ondes de la radio d’Etat hier matin, Alain Berset explique que les gares et les aéroports ne devraient pas contenir tant de commerces ouverts le jour sacré: «Le dimanche, j’apprécie de pouvoir acheter tout au plus une plaque de beurre s’il m’en manque.» Donc le reste du pays devrait s’aligner sur les besoins du ménage du sénateur Berset. Qu’il puisse obtenir ses 125 grammes de beurre et quelques achats «limités»! Les autres boutiques peuvent fermer. Belle hypocrisie.

Mais les désirs d’Alain Berset ne s’arrêtent pas là: «J’aime bien passer mon dimanche en famille et tous les Suisses devraient pouvoir le faire.» Pourquoi, en effet, ne pas passer son dimanche en compagnie de l’arrière grand-oncle d’Alain Berset, avant d’aller flâner le long de la Sarine ou d’assister à la désalpe de Charmey? Ou de courir Morat-Fribourg? Après tout, si lui le fait, tous les Suisses devraient aussi s’y mettre. C’est évident. Tant pis pour ceux qui préfèrent consacrer à leur famille le jeudi, vénèrent leur dieu ad calendas graecas ou tous les jours, ou s’adonnent à leur hobby préféré, voire font leurs achats le dimanche! Rome – pardon, Alain Berset – en a décidé autrement! A-t-il seulement effleuré l’esprit du conseiller aux Etats que personne n’oblige qui que ce soit à travailler ou à consommer le dimanche? Qu’il s’agit de choix d’adultes libres et responsables?

Au plus tard depuis La Route de la servitude, nous savons que les socialistes de tous les partis ne servent les intérêts ni des consommateurs, ni des travailleurs, mais uniquement ceux de leur propre pouvoir. Si «l’évêque» Berset avait prévalu au dix-neuvième siècle, les Suisses ne pourraient sans doute toujours pas acheter leur motte de beurre à la gare le dimanche. Ils devraient encore tous traire leur chèvre et battre le lait eux-mêmes.