Institut Laissez-faire : La liberté sans compromis.

La capacité de faire des enfants est-elle source de droit?

 

Le pouvoir naturel de faire quelque chose nous donne-t-il le droit de le faire? Si j'ai le pouvoir naturel d'avoir suffisamment de force dans les mains pour étrangler quelqu'un, cela me donne-t-il le droit de le faire ? Ai-je le droit de marcher parce que je le peux, et vais-je perdre ce droit en me cassant une jambe ? Faut-il interdire les prothèses en tant qu'objets contre-nature ? Et une personne qui naît handicapée commet-elle un péché ou un crime si elle cherche à profiter des progrès médicaux pour tenter de pallier à son handicap ?
 
La distinction entre capacité biologique et droit légal de faire quelque chose semble peu controversée, excepté dans un domaine bien précis : la reproduction.
 
Ainsi, toute personne qui peut faire des enfants jouit d'un droit légal d'en faire, exception faite, certes, de la Chine, au-delà du premier enfant.
 
L'Etat intervient d'une façon innombrable et intrusive dans notre vie strictement privée, nous interdisant la consommation de certains produits, contrôlant les mariages, nous imposant ceinture de sécurité, "assurances" obligatoires, etc. Pourtant, il n'intervient guère dans un domaine qui ne relève plus de la stricte propriété individuelle, puisque d'autres personnes (les enfants) sont impliquées. Ainsi, une femme célibataire sans enfants ne peut pas légalement fumer du cannabis ou sniffer de la cocaïne, choix qui ne regarde qu'elle, mais elle peut en toute légalité consommer du tabac ou de l'alcool pendant sa grosesse, choix qui affectera la vie et la santé de l'enfant à naître.
 
De même, alors que l'Etat nous prive de nombreuses façons de notre droit de disposer de notre corps à notre guise, il tolère que des parents fassent des piercings aux oreilles de leurs filles ou pratiquent la circoncision sur leurs garçons, atteintes flagrantes à leur intégrité corporelle.
 
La seule limite à ce droit absolu de faire des enfants est posée par la capacité biologique. Ainsi, en Suisse, une femme qui naît sans la capacité de produire des ovocytes se voit interdire d'en recevoir, par exemple. Un couple homosexuel ne peut pas faire appel à la procréation médicalement assistée. Des spéculations sur le bien-être de l'enfant sont généralement avancées pour justifier ces interdictions. Il est également avancé que l'enfant doit pouvoir avoir une vision claire de qui est son père et qui est sa mère, qu'il aurait un "droit à connaître ses origines".
 
Pourtant, dès lors que les parents ont pu concevoir l'enfant de façon "naturelle", ces préocuppations semblent soudain oubliées. Ainsi, nul ne prétend forcer une femme adultère à révèler à un enfant la véritable identité de son père, et nul ne prétend contrôler si des parents hétérosexuels aptes à se reproduire seront à même de s'occuper de leur futur enfant...