Institut Laissez-faire : La liberté sans compromis.

Excision et racisme

Lecteur régulier du libre penseur, j'ai lu avec intérêt l'article concernant l'excision paru dans le n° 152. J'ai été cependant quelque peu atterré par la conclusion "Cependant, nous persistons à demander la déchéance de la nationalité française et l'exclusion définitive du territoire français pour tout citoyen qui possède cette nationalité et pratique l'excision".

Le problème avec l'excision est-il qu'elle est pratiquée en France ? Le problème est-il qu'elle soit pratiquée par des Français ? Le problème est-il que des Françaises en soient victimes ? A voir le problème sous cet angle, préconiser la déchéance de la nationalité de la victime serait une solution tout aussi efficace que de celle du coupable. (On passera également sur des questions techniques comme : où expulser un "Français de souche" qui commettrait ce crime ?)

Il me semble (mais peut-être que je m'avance...) que le problème est plutôt que l'excision soit pratiquée tout court, par qui que ce soit, où que ce soit, sur qui que ce soit. Le problème est que la pratique est "barbare" dans le sens de inhumaine, et non pas qu'elle soit "barbare" dans le sens de "pas de chez nous".

Le libre penseur condamne les superstitions et les atteintes aux droits de l'homme auxquelles elles servent de prétexte. Le libre penseur peut ainsi être amené à critiquer certaines religions, ou certaines pratiques criminelles, liées ou non à une religion, pratiquées ou non par des "immigrés".

Dans le contexte actuel cependant, les critiques des religions sont souvent le fait de personnes qui s'opposent à une forme de supersition pour en prêcher une autre, qui critiquent l'Islam pour mieux défendre le Christianisme, qui dénoncent une vision rétrograde de la société uniquement pour en avancer une autre.

Les libres penseurs doivent faire particulièrement attention à ne pas se trouver associés à ces personnes qui critiquent les religions pour de mauvaises raisons. Le libre penseur ne critique pas une religion ou une pratique criminelle parce qu'elle ne serait pas de "chez nous", mais bien parce qu'elle lui semble dangereuse, notamment parce qu'elle est imposée à des personnes endoctrinées, parce qu'elle viole les Droits de l'Homme. Le problème pour le libre penseur n'est pas qu'il y ait des Chrétiens "chez nous" (religion après tout pas de "chez nous" non plus), mais bien que le Christianisme impose ses symboles et ses superstitions et que des enfants y soient endoctrinés.

La pensée libre, rationnelle et humaniste, est universelle. La Raison, et les Droits de l'Homme qui en sont issus, sont universels et s'appliquent à toute l'humanité. Le raciste veut que les personnes avec des idées ou des pratiques qui lui déplaisent partent. Le libre penseur espère les faire changer d'avis. Le libre penseur voit le problème dans les idées, le raciste dans les personnes. Le raciste, par définition, est celui qui fait une distinction entre les êtres humains selon leur nationalité, leur origine, leur religion.

Ainsi, proposer d'"expulser les étrangers criminels", ou encore de déchoir de leur nationalité les personnes qui pratiquent l'excision, implique un postulat très simple : qu'il serait mieux que ces personnes aillent commettre leurs crimes "chez eux" plutôt que "chez nous", autrement dit qu'il serait mieux qu'ils aillent mutiler leurs semblables. Je ne sais même pas quelle interprétation du propos est pire : le relativisme culturel, du type exciser des petites filles Egyptiennes en Egypte ne serait pas si grave (ou tout du moins moins grave que d'exciser des Egyptiennes en France, voire des Françaises en France), car ça fait partie de "leur" culture ? Une politique de l'autruche, du type "peu importe qu'ils fassent des excisions, tant que ce n'est pas chez nous" ?

Personnellement, il me semble préférable que les exciseurs soient "chez nous", dans un pays où c'est un crime passible de réclusion, et où ils peuvent donc être sanctionnés et empêchés de commettre leurs crimes, plutôt que "chez eux", où ils peuvent commettre ce crime avec impunité. Mais sans doute suis-je libre penseur et non raciste...